Il y a 7 ans aujourd’hui (la 11 mars), j’allais chercher ma Pampa, qui s’appelait encore Maza, à la SPA de Gennevilliers : la plus grande (et une des plus moches) d’Europe. D’après ce qu’on
a cru comprendre de son parcours, Pampa, 1 an et demi, avait appartenu à des SDF qui ont été obligés de s’en séparer quand ils ont été envoyés en foyer. Une dame l’a récupérée, mais elle n’a pas
su gérer l’énergie débordante de la petite épagneule des rues, et a fini par la déposer là, dans sa petite cage du 93. Une cage qu’elle partageait avec un Westie tyrannique.
Après maintes visites sans vraiment de coup de coeur à Gennevilliers et Orgeval, je venais finalement récupérer un petit mâle de 5 mois de type terrier que j’avais repéré. Dans ma tête, je
l’avais déjà appelé Capone. Et Capone n’a pas eu de chance, le box de Pampa s’est trouvé entre lui et moi. Coup de foudre immédiat. Je ne suis jamais allée jusqu’à Capone, qui, je l’espère, a
trouvé de bons maîtres. Eh oui, c’est dur, la SPA. On ne peut pas prendre tout le monde.
Cette petite chienne timidement blottie au fond de sa cage, maigre et pisseuse au point que je croyais que ses pattes étaient naturellement jaune-sable, m’a fait instantanément craquer. C’était
elle, et personne d’autre. J’ai eu peur quand j’ai vu des gens s’arrêter vers son box et appeler un agent pour réserver le chien. Mais ouf ! Eux visaient le petit Westie tyran. Moi, c’était
la maigrelette qui me plaisait, celle qui tentait désespérément de se frayer un passage vers la grille et tirait une langue de 25 cm pour tenter de m’atteindre sans énerver son co-détenu (eh oui,
déjà cette langue !). Je l’ai rapidement testée avec l’aide des éducateurs de la SPA, et j’ai immédiatement su qu’on était faites pour s’entendre. Sa vivacité fulgurante, sa queue battante,
son affection débordante, son “gratte-moi le ventre” légendaire… Ma Pampa, quoi.
J’aurais voulu vous mettre la première photo de Pampa à son arrivée, toute maigre avec sa grosse tête, son bandage autour du ventre et ses pages jaunes, mais je ne remets pas la main dessus.
Je vous la mets dès que je la retrouve !
Après 10 jours d’une attente interminable pour cause de stérilisation, me voilà qui repars avec cette chienne tant rêvée, qui ne me connaît pas et que je ne connais pas. Soudain, je réalise que
mon Amour coup de foudre est une parfaite inconnue, et qu’elle ne connaît même pas son nom. Je mesure tout le travail qui reste à faire pour faire de nous un joli duo. Ne sachant comment elle
réagit en voiture, et si même elle a déjà pris la voiture de sa vie, je décide de l’attacher dans le coffre. Erreur stupide de débutant ! En plein périph, je vois dans le rétro ma toute
nouvelle chienne à moitié étranglée, l’arrière train sur la banquette arrière et la tête restée attachée dans le coffre…
Et ce n’était que le début ! C’est qu’elle m’en a fait, cette petite chienne « attachiante », cette pile électrique incapable de contrôler ses pattes ni sa langue. Dans le
quartier, on l’appelait 100 000 volts.
Première sortie à la plage. Contente !!
En une semaine, je l’ai perdue 2 fois en pleine ville, et on m’a appelée une fois pour me dire qu’on avait retrouvé ma chienne, qui avait sauté du balcon du 2e étage… Le temps que
j’arrive, elle s’était de nouveau taillée, et je ne l’ai retrouvée que parce que j’ai entendu des gens en rez-de-jardin s’exclamer « c’est quoi ce chien pourri ? ».
Et je ne vous parle pas des fugues après les chevreuils, des bonds sur les nappes des pique-niqueurs pour aller leur chourer leurs chips, des machouillages de chargeur de portable, des arrachages
de fils d’airbag sous le siège de la Twingo pour aller chercher une pauvre croquette tombée par là, des empoisonnements à répétition, des coups de folies en bord de lac, à sauter et léchouiller
sans discrimination tous les gens qui faisaient tranquillement la sieste , des crises de « puisque c’est ça je me couche et je bouge plus » en plein milieu de la rue…
Pampa la folle !
Bref, tout ça pour vous dire que la Pampa que vous connaissez, la sage et calme Pampa, n’a pas toujours été comme ça. Ces souvenirs me font sourire aujourd’hui, mais ça n’a pas toujours été le
cas !Pampa a très vite progressé et en quelques mois, c’était devenu une excellente chienne, toujours très dynamique, mais particulièrement à l’écoute. Au bout d’un an, nous formions vraiment un
duo de choc.
Donc, voilà le petit message que je voulais vous faire passer : éducateur canin ou pas (à l’époque, j’étais encore stagiaire), on fait tous des bêtises, on en bave tous au début avec son
chien. On croit qu’on est le seul, mais non, tout le monde en passe par là. Alors gardez patience et gardez espoir, si on s’y met vraiment, on ne peut qu’aller vers de beaux lendemains, et un
jour, on se souvient avec un petit sourire d’émotion des bêtises des premiers temps…
Pampa, je t’aime, ma poulette, même quand tu fais ta vieille qui marche à deux à l’heure, même quand t’aimes pas Yéti, même quand tu ressembles à un petit banc parce que t’as grossi ! Je t’aime,
quoi !