Nous venons d’organiser et de participer aux championnats d’Europe de frisbee, fédération AWI. Récit de cette folle aventure !
Ce long week-end des 31 aout, 1er et 2 septembre 2018 a été tellement riche en action et en émotion qu’il me paraît avoir sa place dans ce blog. Il y a vraiment trop à dire, mais pour ceux qui ne veulent pas tout lire, je vous ai classé ça en chapitres.
LES PRÉMICES
Tout commence il y a environ 1 an. Julia et Björn, de la fédération AWI, me demandent si je veux organiser les championnats d’Europe. Tout de suite, je dis qu’a priori, non. Non, parce que c’est énormément de travail de préparation, et qu’avec la réorganisation de Canissimo, je n’ai pas le temps. Non, parce que c’est aussi beaucoup d’argent investi et peu de rentrées. Non, parce que nous sommes une toute petite équipe de frisbee, dans un tout petit pays de frisbee, et que je manque d’expérience. Non, parce que ça fait trop peur, tout simplement.
Et puis, j’ai réfléchi. Ca serait une bonne occasion pour la France d’exister dans le monde du frisbee, un bon coup de projo pour ce sport que j’essaye de mettre en valeur depuis des années, et puis ça fera sûrement plaisir à mes joueurs. Et aussi, comme Yopp vient à peine de commencer les compétitions, nous ne serons pas sélectionnés cette année, donc je pourrai me consacrer entièrement à l’organisation (alors que si, une autre année, nous sommes sélectionnés, ça risque de faire beaucoup, jouer et organiser à la fois)
L’ORGANISATION
Alors j’ai dit oui. Et au début, tout ne s’est PAS passé comme prévu.
Surprise numéro un : “mes” joueurs, contrairement à ce que je pensais, ne montrent pas tout de suite un enthousiasme fou, parce que les championnats ne leur seront pas forcément accessibles (puisqu’il faut être qualifié), et qu’ils voulaient jouer : c’est la seule compétition de frisbee de l’année en France.
Surprise numéro deux : à sa première compétition, Yopp s’est sélectionné aux championnats ! Je vais donc devoir jouer et organiser en même temps.
Nous voilà en février, à commencer les préparatifs. Malgré leur déception, ma petite équipe se mobilise. Ils y mettent toutes leurs tripes, alors qu’ils ne joueront pas forcément, et que certains ne jouent pas du tout au frisbee. Rien que pour moi, pour me soutenir et me montrer qu’ils tiennent à Canissimo. Ca fait chaud au cœur et je mesure la chance que j’ai de les avoir !
L’équipe de foot de Saint Didier de Formans est à fond, comme toujours, et nous apportent une aide précieuse. Un petit groupe sympa et enthousiaste, sans qui rien n’aurait pu voir le jour.
Je décide d’organiser une compétition off le dimanche (même si ça rajoute du boulot) pour que chacun puisse jouer, et je me mets au défi de trouver des vrais juges internationaux (pour ne pas faire une sous-compète, mais bien un vrai challenge)
Avril, mai, juin…
On conçoit les affiches, le site internet, le dossier de presse.
Petit à petit, les sponsors nous suivent. Tout d’abord, l’assureur chien et chats Santévet, qui nous soutient depuis des années et qui apporte des fonds sans lesquels rien ne serait possible. Et puis ça s’enchaîne : Black+Decker, Wanimo, qui étaient dejà nos partenaires les années précédentes, et des « petits nouveaux » : Dogbuddy, Vitakraft, Nourrir comme la Nature (entreprise locale qui a sa plateforme d’achats à Mornant), la pâtisserie Cédric Cormoreche de Trevoux (miam !). Grâce à eux, nous avons des super lots pour les nombreux podiums des trois journées !
Puis, les médias arrivent : journaux locaux, radio… Tout se met en place. C’est beaucoup de travail, beaucoup de stress, mais on sent que les choses bougent et les gens se mobilisent ! Sur facebook aussi, la communauté semble accrocher à l’événement.
Juillet, août… dernières réunions entre nous. Dernières inscriptions, dernières relances par mail pour obtenir les numéros de puce, informer les joueurs (en anglais, en italien, en espagnol), rappeler l’obligation de vaccination… Je suis un peu au bout du rouleau. Les derniers jours sont éprouvants. Mais on est prêts !
VENDREDI : LAST CHANCE QUALIFIER
Le vendredi est un peu pour nous un tour de chauffe.
Une trentaine de joueurs sont réunis pour les qualificatifs de la dernière chance. Les 5 premiers de chaque catégorie auront la chance de jouer le lendemain. A sa propre surprise et à ma grande fierté, notre Stephouille nationale s’est sélectionnée avec Hoax, et jouera donc aux championnats d’Europe !
On cafouille un peu dans l’organisation, la gestion du parking, la sono qui déconne. Heureusement, Björn nous aide pour les inscriptions… Je suis sur tous les fronts, malgré les bénévoles qui m’aident, tout le monde court dans tous les sens. Je n’ai pas su bien briefer mes équipes, qui ne sont pas autonomes. J’ai encore des progrès à faire en management. Mais la compétition se déroule bien quand même. Debrief. On fera mieux demain.
SAMEDI : LES CHAMPIONNATS
Et effectivement, on a fait mieux ! Tout le gratin du frisbee est là : Allemands, Italiens, Hollandais, Espagnols, Suisses allemands, et 4 petits français (Céline Molin en combined, Michel Hourticq en toss and catch, Stéphanie Bayod et moi en freestyle). Le samedi a été une grosse journée, mais tout le monde s’y est mis à fond ! Chacun a pris des initiatives, me permettant de gérer les à côté et de rester au micro aux côté des juges. Laurent à la sono, Elodie secrétaire de juge, Guillaume et Flo qui me remplacent au micro quand je joue, Carole, Sandrine, Joëlle, Sylvie et Pascale en femmes de terrain-chouchouteuses de juges-promeneuses des chiens de ceux qui étaient occupés sous la tente des juges-vendeuses de tickets de tombola, l’équipe de foot de choc à la buvette, Anne-Laure derrière les juges, et moi en chef d’orchestre/speakerine. Sans oublier Charlotte, la chariotte, pour trimballer tout le matériel d’un bout à l’autre du terrain ! Tout le monde tient son rôle à merveille, et dans la bonne humeur. Quelle équipe de rêve !
Pendant ce temps-là, un vent de fou s’est levé. Une moyenne de 50 km/heure avec des rafales monstrueuses qui changent de direction tout le temps. Les joueurs peinent, les disques partent en vrille, et les juges ont du mal à noter car les jeux ne reflètent pas la réalité. Un vent comme ça, ça demande une bonne maîtrise du disque et une grande capacité d’adaptation et de concentration, on ne peut pas montrer vraiment tout ce qu’on avait prévu. Dur dur !
YOPP ET MOI : BEST FRIENDS FOREVER
Et puis vient mon tour. L’avantage, avec Yopp, c’est qu’il est toujours prêt et n’a pas besoin de beaucoup de préparation mentale. Sandrine l’a échauffé en le faisant marcher 20 minutes pendant que j’étais au micro, je lui lance quelques frisbees pour vider l’énergie en trop, et on est partis, un peu à l’arrache, un peu en stress, l’esprit un peu ailleurs. Jusqu’à ce que je rentre sur le terrain. Je fais le vide. Je sers mon bracelet « best friends forever » au creux de ma main (pour me rappeler à quel point Yopp et moi, on est « best friends forever », quoi qu’il se passe). Respiration abdominale, calme intérieur. “J’ai toutes les ressources en moi pour réussir. J’ai toutes les ressources en moi pour réussir.” Let the show begin !
J’ai le sourire. Je suis contente, confiante. Je crois en moi et en mon petit chien. « Judges are ready ». Je lève la main pour lancer la sono. Musique. Salto, pneu, flup-catch… et premier frisbee lancé.
Je modifie beaucoup de lancers de ma choré pour m’adapter au vent (je simplifie, je m’oriente en fonction des rafales), mais au final, je ne focalise pas sur le vent. Yopp galère un peu à rattraper, mais il est là, bien présent. Et je suis envahie par une grande joie. Tellement contente de montrer mon petit toutou. Tellement heureuse de partager ce grand moment avec lui ! Tellement consciente du travail mis en place pour en arriver là !
Et voilà, c’est déjà fini. Deux minutes de pur plaisir, avec mon petit chien mignon qui a tout donné, malgré les conditions difficiles. On aurait pu mieux faire, mais pas se faire plus plaisir !
Le reste de la journée se déroule à merveille, à part ce vent qui fait s’envoler toutes les feuilles de notes. On doit s’accrocher à la tonnelle, qui se déforme allègrement. Stephouille et moi sommes dans les 10 premiers et avons donc le droit à passer la deuxième manche. Je retourne à mes occupations, micro, listes, s’occuper des juges… Puis c’est mon deuxième passage. Je suis fatiguée, je n’ai pas vraiment envie d’y aller. Entre temps, le public est arrivé. Quand on annonce mon nom, une grande clameur s’élève et m’encourage. Je sers mon bracelet « Best Friends Forever ». Respiration. Calme. Sourire. Le vent a encore augmenté. C’est la tempête. Les lancers dans le vent sont déviés, Yopp fait de son mieux pour rattraper. Je suis plus que jamais avec lui pour l’encourager. Il rate les premiers disques, je reste concentrée, contente d’être avec mon petit chien. J’entends le public qui nous soutient. Puis ça y est, on arrive à s’ajuster. Le public lance des grands « ouais ! » à chaque réussite, qui nous portent, Yopp et moi. Instants magiques !
Fin de journée. Les résultats tombent. Nous sommes 4e. 4e aux championnats d’Europe, pour un chien qui commence à peine sa carrière de compétiteur ! Merci mon petit chien ! Merci mon équipe et le public de nous avoir portés !
Les différents podiums sont occupés par les allemands Julia, Björn et Christina, et l’Italien Luca, qui nous a émerveillés toute la journée (pour lui, c’est comme s’il n’y avait pas de vent !)
DIMANCHE : LA FUN COMP’
Et le dimanche a conclu cet événement en apothéose ! Plus de 40 joueurs ont répondu présents pour la compétition amateur, dont une immense majorité de français. Ca valait le coup de se donner du travail supplémentaire ! Je suis tellement contente, tellement reconnaissante aux joueurs d’être venus ! Le dimanche se déroule comme une grande fête. Dans une ambiance de folie, pleine de rires et de wow. Bien sûr, les épreuves sont sérieuses et jugées comme telles, mais l’ambiance est au festival ! Les épreuves de freestyle permettent aux débutants de présenter leur travail. Quel joli spectacle ! On est tous attendris par Léa, 8 ans, qui nous fait une super choré avec Orca. Toute la future génération du frisbee est là ! Sur le podium confirmés, 2 canissimiens : Flo et Anne-Laure, qui nous ont offert un super show ; et Céline sur la première marche, qui nous a régalés de sa belle énergie avec MaïTaï.
L’épreuve de distance est un véritable défi pour les débutants, avec ce vent qui, moins fort que la veille, doit quand même tourner à 30 ou 40 km/h. Ma Yéti participe et est surexcitée. Elle sent bien qu’on est en compétition, et elle exprime sa joie et son impatience à grands coups d’aboiements ! Elle se jette corps et âme dans l’épreuve ! Bon, sauf que la forte luminosité n’est pas très compatible avec sa cataracte. Elle ne voit pas le disques et part même parfois carrément dans la mauvaise direction. Ce n’est pas grave. Elle est à fond, hyper contente ! Elle vient rejoindre la longue liste des « zéro points » en distance. (Une bonne rigolade à la remise des prix, quand on se rend compte du nombre de zéro points. Merci, le vent !) Yopp, lui, fait une belle performance et finit 1er ex aequo en distance confirmés.
Et la journée se finit avec la frizzgility : épreuve mêlant agility et frisbee. Quelle marrade ! Cette épreuve permet à certains qui ne jouent pas au frisbee de se lancer dans le bain (si le chien attrape un frisbee qui roule, c’est gagné). Yopp est très nul et se jette comme un bourrin sur les obstacles et les frisbees, et en plus, j’ai choisi de tester une nouvelle technique, totalement contre-productive. Mais on rigole bien !
Voici l’épreuve de Guillaume et Mugen, qui débutent en frisbee. Ca fait plaisir à voir ! Le but : passer les obstacles, puis attraper le frisbee, le tout avec un seul frisbee. 5 points par obstacle passé, 3 points pour un frisbee attrapé entre 3 et 10 mètres et 10 points pour un frisbee attrapé à plus de 10 mètres.
Cette journée aura permis à tous de comprendre l’esprit du frisbee. Un sport technique, oui, mais aussi et surtout un grand bonheur à partager avec son chien et ses amis. Un véritable moment de communion avec son « best friend ».
J’étais résolue à ne pas organiser de compétition l’an prochain, parce que trop de stress, trop de boulot, trop de difficulté à rentabiliser. Mais ces trois jours ont été tellement chouettes et les retours tellement sympathiques, que je vais sans doute changer d’avis. Grâce à la petite équipe Canissimo, qui s’est mobilisée comme jamais. Best friends forever !