C’est la saison des abandons. Et si on en faisait la saison des adoptions ?
Je rappelle que ma chienne a été adoptée à la SPA de Gennevilliers (la plus grande d’Europe, mais pas la plus moderne !) à l’âge d’un an et demi. Je vis et travaille avec elle. Elle est
parfaitement sociable et n’a absolument aucune « séquelles » de son passage en SPA. J’ai été formée par Alain Lambert, éducateur canin qui n’a lui aussi que des chiens bâtards (des
Grigris) adoptés adultes en refuge. Toute son équipe d’éducateurs a suivi le mouvement et vit et travaille avec des chiens issus de la SPA.
Voici une petite liste des idées reçus sur l’adoption des chiens. J’espère que cela convraincra certains d’entre vous de vous tourner vers des refuges pour trouver votre nouveau compagnon.
Les chiens abandonnés ont été maltraités
Très souvent, c’est faux. Les cas de chiens maltraités existent, mais ils sont très rares. Il est facile, lorsqu’on adopte un chien adulte et qu’on ne
s’en sort pas (tout simplement parce qu’on s’y prend mal) de dire que le chien a sûrement été maltraité ! On voit tous les jours des chiots ou jeunes chiens achetés à 2 mois dans de bons
élevages qui sont très craintifs, parce qu’élevés à la campagne dans un cocon, hors de toute stimulation visuelle et auditive. Si ces chiens viennent à être abandonnés, on aura tendance à dire
que leur peur vient d’une maltraitance. C’est commode, mais c’est la plupart du temps faux.
Il y a toutes sortes de raisons à l’abandon. Souvent, le chien n’y est vraiment pour rien. On n’en veut plus parcequ’il perd ses poils, qu’il est devenu sourd ou aveugle, qu’il est trop gros ou
trop vieux, qu’il a pissé sur la jante de la voiture toute neuve (véridique !)… Il peut encore avoir appartenu à une personne décédée ou malade, à un SDF obligé de rentrer en foyer, à un
couple qui a divorcé… Il peut être trop ou pas assez dynamique pour ses maîtres, ou ne pas correspondre aux nouvelles conditions de vie après un déménagement ou une séparation…
Les chiens des refuges sont des chiens à problème
Pas plus que les autres. Les chiens des refuges sont des chiens normaux, qui viennent souvent d’élevages. Comme tout chien normal, s’ils sont mal
éduqués, ils peuvent développer des problèmes de comportement (aboiements, grognements, destruction…) qui peuvent être résolus assez rapidement avec une bonne éducation. Un cadre, de la
stabilité, des sorties, une bonne sociabilisation, et tout rentre dans l’ordre !
Un chien adulte aura plus de mal à s’attacher à son maître.
Faux ! Un chien adulte s’attache très vite à la personne qui s’occupe de lui et l’encadre. En trois jours, ça peut être fait.
Un chien adulte est plus difficile à éduquer
Faux ! Les chiens apprennent à tout âge. Adultes, ils ont la maturité physique et intellectuelle pour comprendre toute suite les nouvelles règles
de vie qu’on leur propose. Pour un chiot de 3 mois, par exemple, il est difficile de marcher au pied, puisqu’il n’est pas encore bien coordonné et se laisse facilement distraire. De même, il
n’est pas évident pour lui d’apprendre à être propre, puisqu’il n’a pas encore tout à fait la maîtrise de ses sphincters. A 4 ans, ces problèmes ne se posent plus.
Autre avantage : en adoptant un chien adulte, on saute la période pénible de l’apprentissage de la propreté, ainsi que la phase d’adolescence, toujours difficile.
Un chien adopté dans un refuge reste traumatisé par l’abandon et aura peur de rester seul.
Faux ! La bonne excuse ! Le chien vit dans le présent. Si la période où il est dans sa cage n’est
sûrement pas une partie de plaisir, une fois qu’il en est sorti, il n’y pense plus. Beaucoup de chiens connaissent une phase durant laquelle ils ont du mal à rester seuls, et le fait qu’ils
proviennent ou non de refuge n’y change rien. Encore une fois, c’est une bonne excuse que se trouvent souvent les maîtres. Ce problème peut être solutionné comme les autres, en offrant au chien
un mode de vie adapté et de cadre rigoureux. Un chien bien cadré stresse moins et donc détruit moins, et cela n’a rien à voir avec le fait d’avoir vécu en cage ou non.
En adoptant un chien dans un refuge, on prend un risque, car on ne connaît pas son passé
Pour moi, on prend moins de risque on adoptant un chien adulte dont on peut connaître le caractère qu’un chiot, dont on ne sait pas comment il va évoluer à
l’adolescence.
Souvent, le passé du chien est connu. Et s’il est inconnu, finalement, peu importe, car ce qui compte, pour le chien, c’est le moment présent. On ne l’aidera pas en s’apitoyant sur son sort sous
prétexte qu’il a peut-être été « traumatisé ». On lui offre un nouveau départ, et c’est ça qui compte.
Un chien adopté en refuge nous est reconnaissant
Faux, n’en déplaise aux bonnes âmes ! Pour les mêmes raisons qu’au dessus. Il vit dans le présent et n’a pas la manie humaine de toujours se référer au
passé. Il ne sera ni plus ni moins attaché à nous qu’un autre chien. Quand un chien issu d’un refuge est très indépendant, on dit que c’est parce qu’il a vécu en cage et qu’il a pris l’habitude
de ne pas s’attacher à un humain. Quand il est très dépendant, on dit que c’est parce qu’il a vécu en cage et qu’il se rattache au premier humain qu’il voit.
Eh bien moi je dis que c’est juste sa nature qui fait ça, et que cage ou pas, il aurait le même comportement.
Dans les refuges, on ne trouve que des bâtards
Faux ! A Gennevilliers, comme dans les autres refuges, il y a environ 40 % de chiens de race inscrits au lof. On a même vu passer des chiens assez
rares : fila brasilero, loup de Sarloos, chien nu du Pérou, sharplanina… On y voit aussi des chiens très demandés comme les labradors, jack russels, dalmatiens, bergers australiens, cockers…
Les bâtards sont plus intelligents que les autres.
Faux ! On aimerait bien, hein ? Ca nous rassurerait, hein ? He ben non ! Chaque chien a sa propre intelligence. Le fait d’appartenir ou non a une
race ne joue en rien sur l’intellect. La seule qualité particulière que l’on peut reconnaître aux bâtards, c’est qu’on est sûrs qu’ils ne souffrent pas de consanguinité
Dans les refuges, on ne trouve que des gros chiens
Faux ! On trouve beaucoup de petits chiens, mais il est vrai que les petits chiens ont tendance à être adoptés plus vite que les gros. Il y a donc
plus de roulement et lorsqu’on repère un petit chien qui nous convient, on a intérêt à être rapide, car il risque bien de nous filer sous le nez.
Quelques conseils :
– Ne vous fiez pas au comportement du chien en cage. Un chien qui est depuis longtemps dans son box peut le garder et paraître très
féroce, mais être une bonne pâte à l’extérieur. A l’inverse, un chien peut être timide dans sa cage et très exubérant à l’extérieur. Moralité : demandez toujours à voir le chien en dehors de sa
cage.
– Si vous avez un autre chien, demandez à pouvoir les mettre en contact afin de voir si ça colle.
– Un chien qui est resté longtemps au box pourra être très fou-fou une fois sorti et tirer comme un malade. Ca ne veut pas dire que vous ne pourrez pas l’éduquer à la marche en
laisse.
– Ne craquez pas sur un physique ou sur une histoire, mais sur une personnalité. Plus le chien a le port de tête et de queue hauts,
plus il a du caractère. Cela ne veut absolument pas dire qu’il sera agressif, mais un chien à la queue en panache sera peut-être moins docile qu’un autre, à la queue horizontale. Pensez-y si c’est
votre premier chien. Demandez toujours au personnel du refuge de vous parler du tempérament du loulou.