[Préambule pour ceux qui suivent régulièrement ce blog. Si je parle de Pampa au passé, c’est qu’elle m’a malheureusement quittée il y a quelques semaines. C’est encore trop douloureux pour que je puisse en parler ici.]

Il y a de gens à chienS et des gens à chien. Personnellement, je serais plutôt une fille à chien, au singulier. J’aime avoir un seul chien, profiter de tous les instants avec lui, partager des moments uniques en tête à tête.

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Mais mon métier et mon activité sportive font que si je ne veux pas « user » trop mes chiens, qui sont des chiens de compagnie ET de travail, je suis obligée d’en avoir deux, voire trois. Un en activité et un en retraite, ou un en formation et un en activité. Ma politique, c’est de reprendre un chien quand l’aîné a entre 6 et 8 ans. Ca me laisse bien deux ans pour former le suivant, sans avoir l’impression de mettre le premier au rebut. Alors évidemment, si tout va bien, j’aurai toujours un moment de transition à trois chiens : celui de 14 ans, celui de 7 ans et le bébé.

Yéti, 8 ans, Yopp, 4 mois, Pampa, 14 ans
Yéti, 8 ans, Yopp, 4 mois, Pampa, 14 ans

Accueillir un nouveau chien, c’est toujours toute une histoire. Comme vous le devinez, je me simplifie déjà la tâche en m’assurant que le nouveau arrive quand le plus âgé est parfaitement mûr et éduqué. Beaucoup de gens aiment ou voudraient prendre deux jeunes chiens, pour qu’ils jouent ensemble. Pourquoi pas, mais il faut être conscient des avantages comme des inconvénients. Deux jeunes chiens peu éduqués, ce n’est pas deux fois, mais trois ou quatre fois plus de bêtises… Et puis deux jeunes chiens aujourd’hui, ça fait deux vieux chiens demain. Et deux vieux chiens, ce n’est pas facile à gérer et ça coûte souvent cher.

Chaque chien est différent, et il n’y aura pas deux intégrations qui se passeront de la même façon. C’est pourquoi je n’entrerai pas dans les détails sur « comment faire » dans cet article, mais je vais simplement vous exposer les règles que je me suis fixées. Ce ne sont pas des règles immuables ou universelles, mais celles qui conviennent à ma façon de faire et à mon mode de vie (je précise que je vis en ville, en appartement).

Ces règles valent, que j’adopte un chien de manière définitive ou simplement en famille d’accueil pour quelques semaines ou mois.

J’ai pris Yéti quand Pampa commençait à se “mémériser”.  Même si au début, elle n’a pas vraiment apprécié cette “mauvaise blague”, je suis persuadée que ça a prolongé sa vie, car la présence d’un jeune chien me forçait, et la forçait par la même occasion, à rester active.

Les débuts sont parfois un peu difficiles, mais après une période d’adaptation de quelques semaines à quelques mois, la cohabitation est souvent très bénéfique pour les deux chiens.

Pampa, 7 ans, Yéti, 1 an
Pampa, 7 ans, Yéti, 1 an

Personnellement, je ne reprends pas un chien tant que l’aîné n’est pas parfaitement éduqué et autonome. En gros, quand j’ai l’impression de ne jamais avoir à imposer quoi que ce soit à mon premier chien, que tout semble couler naturellement. Car quand je me concentrerai sur le petit, je compterai sur le grand pour rester autour de moi et ne pas faire de bêtises sans que j’aie besoin de le rappeler à l’ordre tout le temps.

Attention, la plupart du temps, le chien déjà présent a une période de régression dans ses apprentissages. Soit parce que sa vie est bouleversée et qu’il lui faut un temps d’adaptation, soit parce qu’il se rend compte qu’inévitablement, on s’occupe un peu moins de lui, et du coup, il se sent libre de faire ce qu’il veut de son côté. Il peut aussi déprimer un peu d’avoir perdu sa place de chien unique.

Je ne suis pas là pour vous dire quel type de chien vous devez aimer, bien sûr. Mais en fonction des chiens déjà présents, c’est un peu votre rôle d’en choisir un qui s’intégrera facilement. Avec Yéti, je me suis longtemps posé la question entre un mâle et une femelle, par exemple. Pour des raisons inconnues, j’ai plus d’affinités avec les femelles (j’en avais dejà deux), mais je savais que Yéti préférerait un mâle (Pampa, mâle ou femelle, elle s’en fichait pourvu qu’on ne l’embête pas). Bon, au final, j’ai voulu opter pour une femelle, et c’est un mâle qui s’est imposé. Et en réalité, je suis bien contente, car comme prévu, Yéti s’y attache beaucoup plus vite que si c’était une femelle.

Si vous avez un chien de toute petite taille adulte et que vous voulez un futur gros chien, il faut savoir que, même si chihuahua et berger allemand peuvent cohabiter parfaitement, il y aura toujours un moment difficile quand le chiot deviendra plus gros que l’adulte, mais n’aura pas encore la sagesse ni les codes de communication.

Si vous avez un chien un peu ronchon qui n’apprécie pas toujours la présence des autres, ou qui déteste les chiots, une bonne solution peut être de prendre un chien en famille d’accueil. Ainsi, si tout se passe bien, vous le gardez à l’adoption, et si c’est la cata, il sera adopté par quelqu’un d’autre et vous aurez quand même fait une bonne action !

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Léo, en famille d’accueil, m’a permis de voir que les mâles, c’était chouette aussi !

Un chien en famille d’accueil peut aussi vous faire une bonne expérience, pour savoir si vous êtes capable de gérer deux chiens dans votre vie quotidienne, ou si tel ou tel type de chien vous convient.

Je contrôle la plupart du temps les interactions à l’intérieur. Je laisse les chiens se débrouiller jusqu’à un certain point, dans les limites du raisonnable. Pour cela, j’utilise des caisses et/ou des parcs à chiots. Chez moi, au tout début, Yéti (la chienne mûre) était libre de ses mouvements, Yopp (le chiot) avait sa caisse pour se reposer et jouer, Pampa (la mamie) avait son parc à chiots pour ne pas que Yopp aille l’embêter. En cas d’absence, Yopp était dans sa caisse (une grande cage en métal où il peut largement bouger et jouer).

Yopp dans sa grande cage métallique
Yopp dans sa grande niche métallique

Si ce n’est pas possible de laisser un chien en caisse, car vous partez trop longtemps, il est quand même raisonnable de les séparer au début pendant vos absences, tant que les relations ne sont pas établies. On observe souvent quatre cas possibles dans les premiers temps :

  1. Tout se passe bien, tout le monde est calme et chacun respecte chacun (en général, c’est quand on adopte un chien adulte, pas un chiot…)
  2. Le jeune harcèle l’aîné (parfois plus petit en taille) qui n’arrive pas à se défendre. Dans ce cas, c’est à moi de réagir pour venir au secours de l’aîné, avant que celui-ci ne prenne peur, ne parte en dépression ou n’apprenne à se défendre vraiment trop fort. C’est aussi une question de confiance : votre chien, qui est avec vous depuis toujours, doit pouvoir compter sur vous, et pas uniquement sur lui-même.

    Yopp, 4 mois, respecte Pampa, 14 ans, et ne la bouscule pas.
    Yopp, 4 mois, respecte Pampa, 14 ans, et ne la bouscule pas.
  3. L’ancien tyrannise le nouveau, qui n’a pas le droit de bouger dans la maison. Là aussi, j’accorde à mon aîné le droit de faire respecter un certain calme et un petit périmètre autour de son panier, mais je veille à ce qu’il ne devienne pas un despote qui interdise tout mouvement au nouveau venu.
  4. Les deux s’entendent comme larrons en foire et font la bringue 24 heures /24 (en général, c’est le cas quand on prend deux jeunes chiens). Là aussi, j’interviens. Quitte à mettre des règles comme « on ne joue pas à l’intérieur » si ça prend trop de proportions. C’est super que les chiens jouent, mais pas toute la journée. Ils doivent apprendre à se côtoyer sans être en permanence en train de se sauter dessus et de s’attraper, sinon ça risque de fausser leur communication avec les autres chiens.Comment gérer les gamelles ?

Je connais beaucoup de chiens qui mangent dans la même gamelle ou dans deux gamelles accolées, et tout se passe bien. Personnellement, je trouve que ça peut mettre une forte pression à l’un des chiens, voire aux deux. J’ai donc choisi de séparer mes chiens quand ils mangent. Au début, le petit mangeait même dans sa cage, afin que personne ne l’embête et qu’il ne parte embêter personne à la fin de sa ration. Pendant plusieurs mois, j’ai eu Yopp en cage, Pampa dans une pièce à part fermée, car elle mangeait très lentement, et Yéti dans la cuisine. Quand Pampa mangeait normalement, elle était dans la cuisine avec Yéti, simplement à quelques mètres.

Je trouve que cette solution enlève bien de la pression et du stress aux chiens. Mais encore une fois, si cela marche bien autrement avec vos chiens, tant mieux !

En aucun cas je ne laisse l’aîné devenir l’éducateur du petit, même si ça peut être bien pratique. Alors, certes, le petit apprendra probablement certaines choses par mimétisme, et il se fera remettre à sa place de temps en temps, mais ça doit rester sur des détails. Beaucoup de gens laissent leur super chien de 7 ans hyper équilibré éduquer le petit. Il se crée alors une relation très forte entre les deux chiens. Et cette relation peut même devenir plus forte que celle qui unit le jeune chien à son maître. Je fais en sorte de toujours rester la référence pour le petit, même si je suis ravie qu’une belle relation naisse entre les deux chiens.

Yopp Yeti queue

C’est la partie la plus difficile à mes yeux, car cela demande du temps. Je mets un point d’honneur à faire des activités avec chacun des chiens, qui se retrouve seul avec moi régulièrement. Une balade, une partie de jeu… Cela leur permet d’apprendre à rester seul (car votre deuxième chien n’aura peut-être jamais l’occasion d’être seul, jusqu’au moment où le vieux devra être hospitalisé, par exemple. Et là, le stress de l’hospitalisation plus le stress du jeune qui ne reste pas seul, ça risque de faire trop et pour vous et pour vos chiens). Et c’est aussi une belle occasion de profiter de leur maître à 100 % sans qu’ils soient distraits par l’autre. J’aime ces moments où on n’est qu’avec un seul chien, de tout notre cerveau, tout notre corps et tout notre cœur.

Le reste du temps, chez moi (et là encore, ça n’est que ma façon de faire), c’est chacun son tour, et chacun respecte le tour de l’autre. Sauf quand on joue à tirer à la corde, où on peut tous tirer en même temps. Je les fais passer à tour de rôle, que ce soit au clicker ou aux jeux de balles, par exemple. La règle, c’est « tu prends ta balle et pas celle du voisin. Tu joues avec moi et tu n’embêtes pas l’autre ». Pour cela, au début, je me débrouille pour occuper le petit pendant que je lance la balle à l’autre (Yéti connaît déjà la règle, ce qui m’aide). S’il le faut, le temps de l’apprentissage, je tiens le jeune en longe pour qu’il ne puisse pas se récompenser en partant sur la balle du voisin. Ici, Yopp, 5 mois, a déjà compris la règle.

En résumé, prendre un deuxième chien, c’est peut-être votre rêve, et il se réalisera probablement, mais avant qu’il ne devienne un cauchemar, mieux vaut se fixer certaines limites et bien y réfléchir.

Dans tous les cas, il faut savoir qu’1+1 n’égale pas toujours 2. Avoir deux chiens, ce n’est pas comme avoir un chien plus un chien, car un chien qui vit avec un autre chien ne se comporte pas du tout comme il se comporterait seul. Il y aura plein de moments merveilleux, et c’est vraiment super pour un chien d’avoir un ami congénère à la maison, mais il y aura aussi des moments difficiles. Ce n’est donc pas un choix qui se fait à la légère. Et si on prend un deuxième chien, ça doit être pour soi et parce qu’on le désire vraiment, et en aucun cas pour « occuper l’autre chien » quand il est seul (une raison que l’on entend très souvent évoquée). Car à l’arrivée, c’est vous qui devrez vous occuper du nouveau, pas votre premier chien !

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