Dans l’article précédent, nous avons vu qu’il y avait plusieurs façons de récompenser un chien, et qu’il pouvait être judicieux de varier les récompenses. Après avoir parlé des friandises, intéressons-nous un peu au jeu. C’est bien gentil, tout ça, en théorie, mais comme il existe des chiens peu gourmands, il existe des chiens peu joueurs. Ceux-là devront dans un premier temps apprendre à jouer, à apprécier le jeu, avant que l’on puisse s’en servir comme récompense. Et même si vous pensez que c’est “mort” pour votre chien, c’est un apprentissage très intéressant à faire !

C’est le parcours que j’ai fait avec Pampa. Quand j’ai adopté Pampa, et pendant encore 2/3 ans après son adoption, elle ne jouait pas du tout avec des objets. Elle regardait mollement tomber le bâton ou la balle, et se demandait bien pourquoi je gigotais à côté… Et pas question de lui mettre un truc dans la bouche, beurk ! Jamais elle ne ramassait la moindre brindille d’elle même. Au début, j’ai pensé que ce n’était pas grave, qu’elle ne jouerait jamais, et puis voilà. Et un jour, j’ai commencé le pistage, et le but était qu’elle aille rechercher un objet. Il a donc bien fallu que je me creuse la tête pour donner de l’importance à ce maudit jouet, car avant d’apprendre à le rapporter, elle devait apprendre à l’apprécier !

            – Trouver le bon jouet
La première étape, dans ce cas-là, est de trouver LE type de jouet (ou le jouet) que votre chien aime. Dans le cas de Pampa, sans ambiguïté la balle pouic en peluche ou “l’écureuil mort” en peluche. Cherchez bien, il y a forcément quelque chose qui attisera la curiosité de votre chien. Et si bâtons, balles et autres jouets classiques ne l’intéressent que moyennement, sortez des sentiers battus et essayez avec une vieille chaussette, un mouchoir, un bout de couverture polaire, un vieux morceau de fourrure (je sais, c’est pas bien, mais ça plaît souvent aux chiens), une bouteille en plastique, une trousse d’écolier en cuir, un bout de tuyau… Testez différentes consistances, différentes odeurs, différents sons (certains chiens ne s’intéresseront à un jouet que s’il fait pouic, d’autres au contraire auront peur du pouic).

            – Rendre le jouet intéressant
La deuxième étape est de rendre le jouet intéressant, et donc vivant. Bon nombre de chiens aimeront chasser un objet qui a l’air vivant (en clair, qui ait l’air d’une proie), mais se désintéresseront de l’objet immobile (donc mort). Pour le rendre vivant, l’idéal est de l’attacher à une ficelle et de le faire “courir”. Dès que votre chien s’approche, le jouet fait un bond et s’éloigne… Et pour que votre jouet ressemble à une proie, n’oubliez pas ce que je dis toujours : un lapin ne fonce pas droit dans la gueule du chien, il s’enfuit. Ne harcelez donc pas votre chien en lui remuant le jouet sous le nez (ne ricanez pas, je vous vois faire !). Pour qu’il s’y intéresse, l’objet doit avoir l’air de fuir de manière erratique (tiens, un reste de mon passage en hypokhâgne-khâgne. Y a des mots, comme ça, qui reviennent…). Bref, comme un lapin qui s’enfuit sous son nez et zigzague tous azimuts (Faire la liaison entre “nez” et zigzague pour révéler une belle allitération en “z” et “s”. Bon, allez, j’arrête ma crise “j’ai fait des études littéraires”) .

Pampa et son frisbee mou
Ici, Pampa a une attitude typique de chasseur qui plaque sa proie

Quand il le porte, n’oubliez surtout pas de vous extasier et de vanter la beauté de ce super chasseur qui tient fièrement sa proie !

Pampa aux chiens visiteurs
Pampa rapporte fièrement un anneau pendant une séance de chiens visiteurs

            – Jouer sur la frustration
Attention à votre attitude lorsque vous jouez. Beaucoup de maîtres ont l’air de supplier leurs chiens de jouer : ils leur mettent le jouet sous le nez, font deux pas en fixant le chien, s’arrêtent, et on lit clairement en eux “Je t’en prie, joue avec moi !”. Au contraire, lorsque le chien a gagné un minimum d’intérêt pour le jeu, jouez sur la frustration : ayez l’air de bien vous amuser de votre côté (c’est encore mieux si vous êtes deux et que vous pouvez vous envoyer le jouet). Quand le chien arrive pour le réclamer, gardez le jouet pour vous quelques secondes, genre “tu l’auras pas !”. Et ce n’est que lorsque le chien est bien motivé que vous pourrez le lui donner. Évidemment, ça ne marche que si le chien a quand même un peu d’intérêt pour le jouet. Dans le cas contraire, il vous laissera tranquillement vous exciter et en profitera pour partir renifler ses petites odeurs…

            – Avec ou sans friandises ?
Certains chiens auront besoin qu’on les aide en les récompensant par une gourmandise quand ils attrapent le jouet. C’est ce que j’ai fait avec Pampa, qui n’aimait vraiment, mais vraiment pas les objets. D’autres chiens, au contraire, auront tendance à abandonner le jouet dès qu’ils voient la friandise, voulant accéder directement à l’étape “bonbon” (les petits feinteurs. C’est ce que faisait Yéti au début). Pour ceux-là, deux choix. Soit vous supprimez la récompense et vous vous concentrez sur le jouet, soit vous décidez d’être plus têtu que le chien et vous lui apprenez que le jouet est une étape obligatoire pour avoir la friandise. L’inconvénient, c’est que cela vous relance dans un apprentissage intermédiaire ; l’avantage, c’est que ça apprend au chien que tout se mérite ! Ah oui, troisième choix, vous utilisez un jouet type trousse d’écolier que vous pouvez remplir avec des croquettes. Il sera bien obligé de vous le rapporter pour avoir le contenu (attention aux destructeurs qui voudraient accéder tout seul aux croquettes !)

Trousse à friandises (zooplus, entre autres)
Pampa ramène la trousse à friandises à toute allure !

            – La règle des “yeux qui brillent”
Enfin, lorsque vous avez trouvé LE jouet qui plaît à votre chien, servez-vous en encore pendant plusieurs semaines/mois pour jouer, mais pas pour récompenser le chien. Ce n’est qu’une fois que son regard brillera vraiment en voyant le jouet arriver que vous pourrez l’utiliser en récompense. C’est ça, la règle des yeux qui brillent !

Et quand vous en êtes là, vous pouvez enfin passer à l’article 2/2 (à suivre…)

En résumé pour cet article :
– Trouvez la matière que votre chien aime
– Rendez le jouet vivant
– N’ayez pas l’air de supplier votre chien de jouer.

Merci à Gérard Lalande de m’avoir appris les rudiments du rapport d’objet ; sans lui et son stage pistage, je ne sais pas si j’aurais trouvé la motivation pour apprendre à Pampa à jouer. Merci à Pampa de ne pas aimer les jouets, ça m’a permis d’effectuer un beau parcours éducatif. Merci à Yéti d’aimer TOUS les jouets (même une feuille d’arbre, même un brin d’herbe), parce que c’est sacrément reposant !